Publié le 3 mars 2022

La région DIANA compte 19 aires protégées, dont 9 sont financées par la FAPBM. A l’exception des aires protégées de COMATSA Nord et Sud, ces aires protégées couvrent plus de 800 000 ha. Bien qu’elles n’occupent que 40 % de la région, chacune de ces aires protégées offrent des services inestimables, aux populations de la région (889 962 hab. en 2018). A titre d’exemple, l’aire protégée d’Ambodivahibe et d’Ankivonjy gèrent durablement les ressources halieutiques au bénéfice des pêcheurs locaux, l’AP de la Montagne d’Ambre alimente les réservoirs d’eau de la JIRAMA pour la ville de Diégo et le ravitaillement en eau de 13 communes rurales aux alentours du parc, Nosy Tanikely attire près de 50 000 touristes par an (avant la pandémie). Les pressions et menaces subies par ces aires protégées mettent donc en danger la vie des habitants de la région.

Face aux intérêts divergents à la conservation, la plateforme des aires protégées de DIANA fait entendre les voix des gestionnaires et des communautés. Officiellement créée en 2017, la plateforme situe ses racines historiquement dans les visites d’échanges réalisées en 2014 dans le cadre d’une collaboration Nord-Sud entre les gestionnaires des Nouvelles Aires Protégées de catégorie V et VI de la région DIANA et celles venant du département du Finistère (France). Mais pratiquement ce sont la mission,  les objectifs et les problématiques communs liés à la gestion durable des ressources naturelles de la Région qui ont réuni les 8 gestionnaires d’aires protégées autour de cette plateforme.

La plateforme est un espace de rencontre mis à la disposition des membres pour trouver des solutions à des problématiques communes ou locales. En 2017 par exemple, dans l’aire protégée Galoka Kalobinono (District Ambanja) gérée par l’Association FAMELONA, un opérateur privé a demandé au Ministère de l’Environnement l’extension de son terrain, pour des fins d’exploitation industrielle d’Ylang-Ylang, sur des milliers d’hectares dans une zone non prévue pour cette utilisation selon le PAG (Plan de Gestion et d’aménagement) de l’aire protégée. Il faut noter que l’extension des terrains privés est gelée dans les aires protégées et que la culture à grande échelle d’ylang-ylang suppose des défrichements au niveau de la zone prévue pour sa plantation. Face à cette problématique, le gestionnaire de site a donc mobilisé l’intelligence collective de la plateforme afin de définir une réponse adéquate. A l’issue de la réunion extraordinaire qui s’est tenue, la plateforme s’est proposée de soumettre des recommandations officielles ainsi que le PV de réunion au Ministère de tutelle. Après une descente sur terrain avec l’équipe du Ministère, des représentants de la plateforme, et du gestionnaire afin d’évaluer la situation, la demande de l’opérateur a finalement été déboutée.

La plateforme en tant que collectif de gestionnaires, approche de manière concertée les autorités locales pour les impliquer dans les défis. En 2021 par exemple, à la suite d’une rencontre avec le Gouverneur, plus de moyens ont été déployés par les autorités pour protéger les ressources des pêcheurs marins.

Actuellement la plateforme collabore étroitement avec d’autres institutions tels que Blue ventures, ONG MIHARI, STD ou encore Alliance Voahary Gasy afin de faire entendre la voix des gestionnaires dans cet effort de conservation des ressources naturelles qui, notons-le, est un moteur du développement socio-économique pour les populations locales et la région DIANA.

Inspirant les autres régions constituant le triangle du Nord, une plateforme des gestionnaires a récemment été créée dans la Région SAVA avec les mêmes objectifs que celle de DIANA. Aujourd’hui, elles entendent de joindre leur force afin d’atténuer les pressions inter-régionales. En effet, il a été notée que des pêcheurs venant de la Région DIANA vont pêcher illégalement dans la limite de l’aire protégée Loky Manambato (côté SAVA) au moment du Varatraza ou lors de l’ouverture de pêche, et vice-versa pour le côté DIANA.

« Des défis cependant restent à relever par la PFGAP pour atteindre la vision – être une plateforme solidaire, efficace, et reconnue au niveau régional et local. Des défis liés à nos métiers tels que la menace des exploitations minières dans ou à proximité des AP (les terres rares à Ampasindava, le saphir à Ankarana), l’application de la loi pour les délits environnementaux, ou encore la visibilité des aires protégées. Et des défis liés à la structure de la plateforme comme la mobilisation de fonds nécessaire pour le fonctionnement et la dynamisation de la plateforme » nous raconte Mme Manorotiana M. Irina, Point focal de la PFGAP.