Publié le 29 mars 2022

Le Ministère de l’Environnement du Développement Durable (MEDD), appuyé par ses partenaires techniques et financiers que sont l’USAID Mikajy et la Fondation pour les Aires Protégées et la Biodiversité de Madagascar (FAPBM), a réuni les parties prenantes de l’aire protégée de Menabe Antimena (APMA), pour présenter les résultats des consultations sur les objectifs, les stratégies de gestion et le Plan quinquennal d’Aménagement et de Gestion (PAG) de l’aire protégée le 25 mars 2022 à Morondava, avant sa validation aux niveaux local et régional. L’atelier a été aussi l’occasion de la signature des conventions de financement de la FAPBM en faveur des gestionnaires actuels de l’aire protégée (Fanamby, Durrell et CNFEREF).

 

APMA est un site de biodiversité exceptionnelle avec quatre espèces endémiques qui ne se trouvent nulle part ailleurs, y compris le plus petit primate au monde, le Microcèbe de Madame Berthe. Mais ces espèces et les autres valeurs écologiques inestimables de la zone telle que la régulation de l’eau et du climat sont fortement menacées, car 44 % de la forêt de l’APMA a été perdue depuis la création de l’aire protégée en 2015. La déforestation menée surtout par les migrants pour la culture de maïs et d’arachide nécessite des solutions multisectorielles, pour qu’elles soient durables. Telle a été la ligne directrice des recommandations sur le PAG de l’APMA pour les 5 prochaines années.

 

« De catégorie 5 dans la classification de l’IUCN, Paysage Harmonieux Protégé, l’objectif de l’APMA est de maintenir la diversité du paysage ainsi que des écosystèmes qui y sont associés et protéger le paysage terrestre et marin tout en assurant l’interaction harmonieuse de la nature et de la population locale. Pour l’APMA, la vision globale consiste donc à : préserver l’intégrité de la biodiversité du site ; maintenir les vocations, occupations naturelles et utilisations des différentes zones et unités de zonages ; renforcer la contribution de l’aire protégée au développement local, régional et national à travers la promotion des modes de vie durables et des activités économiques en harmonie avec la nature, ainsi que la préservation de l’identité socioculturelle et des intérêts des communautés concernées » selon M. Rinah Razafindraibe, Directeur des Aires Protégées, des Ressources Naturelles renouvelables et des Écosystèmes du MEDD.

 

Le Projet USAID Mikajy appuie la sauvegarde de ce qui reste de ce patrimoine naturel de l’APMA à travers le développement des alternatives économiques pour la population locale environnante et la protection et gestion des forêts et habitats à travers, entre autres, de la mise à jour des outils de gestion de l’aire protégée. Le projet a ainsi appuyé l’Association ACT, dans le processus de mise à jour du PAG de l’APMA 2015-2020, à procéder aux consultations des acteurs locaux et régionaux concernés. Ces échanges ont permis de consolider les informations biologiques, socioéconomiques, environnementales sur les contextes et les enjeux actuels de l’APMA. Avant de procéder à la présentation de ces orientations au niveau local, tenant compte de la vision pour la gestion harmonieuse de paysage, la présentation de ces objectifs et stratégies de gestion auprès des différents secteurs est essentielle pour avoir l’appropriation par tous du nouveau PAG. Ainsi, se résume l’enjeu de cet atelier régional. Le développement du PAG a été bâti sur les Schémas d’Aménagement Communal (SAC) des 4 communes situées au sein de l’APMA, selon un processus participatif mené par SIF/USAID Hay Tao. Grâce à ce travail préalable, l’APMA est intégré dans l’aménagement territorial contribuant au développement local en harmonie avec sa conservation.

 

La mise en œuvre de ce PAG requiert des moyens financiers et l’engagement des bailleurs de fonds sur 5 ans. En tant que mécanisme de financement durable, la FAPBM, à travers les revenus de son capital, assure un financement pérenne. Vu les valeurs écologiques et socio-économiques de l’APMA en ligne avec les critères de priorisation des aires protégées financées par la Fondation, l’APMA a été sélectionnée pour intégrer le cycle de financement de la Fondation à partir de 2022. La signature des conventions de financement avec les parties prenantes Fanamby, Durrell et CNFEREF a clôturé l’atelier de partage. Compte tenu de l’urgence de la situation de l’APMA, pour 2022, la Fondation financera prioritairement les activités de sécurisation de l’aire protégée dont les brigades mixtes avec la Direction Régionale pour l’Environnement et le Développement Durable (DREDD), la restauration des paysages dégradés et la conservation de la biodiversité. Cette subvention annuelle en faveur de l’APMA prélude à la signature d’une convention quinquennale, qui actera la pérennité du financement, mais dont la mise en place est tributaire de la validation du PAG.

 

« L’APMA est à Morondava, mais elle porte la voix de toutes les forêts de Madagascar. Ces forêts sont brûlées pour des nécessités à court terme. Et pourtant, leur disparition menace notre survie. Notre aptitude aujourd’hui à la défendre et à la restaurer témoigne de notre capacité et de notre volonté de sauver les forêts restantes de notre Grande Île. Abandonner l’APMA n’est pas une option, nous le devons pour les communautés qui en dépendent, nous le devons à la prochaine génération. Ce financement de la FAPBM ne sera pas un ariary brûlé de plus, il servira à arrêter les feux et défrichements. C’est un appel à toutes les parties prenantes à prendre leurs responsabilités pour sauver Menabe Antimena. » a énoncé Mme Nanie Ratsifandrihamanana, Présidente du Conseil d’Administration de la FAPBM.

A propos de Menabe Antimena

 

La forêt dense sèche constitue la majorité de la surface de l’APMA. Les racines des arbres retiennent le sol et l’eau et permettent donc de lutter contre l’érosion et le risque de sècheresse dans la région. Sa disparition ces dernières années a conduit à la raréfaction de l’eau pour les communautés locales de l’aire protégée, ainsi qu’à une vulnérabilité de la région au changement climatique. Par exemple, les pluies se font plus rares aux dires des populations.

 

Joyau de la biodiversité, cette aire protégée est l’un des sites naturels les plus visités de Madagascar. Son écosystème abrite des espèces uniques, comme le plus petit primate au monde Microcèbe de Madame Berthe (Microcebus berthae), le rat géant sauteur (Hypogeomys antimena), la tortue à queue plate (Pyxis planicauda) et la mangouste a fine rayures (Mungotictis decemlineata) ainsi que les baobabs, 8 espèces de lémuriens et le Fosa (Cryptoprocta ferox). Des milliers de visiteurs annuels, nationaux et internationaux, contribuent à la création d’emploi et à l’amélioration des revenus de la région.

 

Menabe Antimena est également une forêt de mangroves. Celle-ci joue un rôle important dans l’atténuation des effets du changement climatique. Non seulement capteur et réserve de carbone, les mangroves protègent aussi contre l’érosion marine et d’autres risques climatiques, tels que les inondations, les sécheresses et les cyclones.

 

Deux sites Ramsar : le lac Bedo et le Delta de Tsiribihina

 

 

De quoi protéger l’APMA ?                 

L’APMA subit des pressions multiples expliquant sa déforestation, entre autres :

  • Forte migration venant du Sud
  • Corruption
  • Culture de maïs et d’arachide

Évolution de la surface disparue

Superficie originale :  213 310 ha

1973 – 2010 : 71 390 ha disparue soit 636,1 ha perdues par an

2010 – 2014 : 3295 ha perdues par an

 

Quelques actions importantes depuis 2018

2018 :

  • Mise en place d’une Task Force par la Primature et puis supervisé par le DREDD,
  • Mise en place de patrouilles communautaires
  • Mise en œuvre des Tournées de patrouilles générales conjointes dirigées par DREDD avec les OPJ, Fanamby, Durrell, MNP et WWF avec l’appui de USAID Mikajy, FAPBM
  • Mise à jour de plan d’aménagement et de gestion de l’AP à partir des différentes consultations communales appuyées par USAID Mikajy.

2019 : Dialogue national, appuyé par USAID Hay Tao, sur les forêts sèches en février 2020 où 25 résolutions identifiaient toutes les actions clé nécessaires à travers la gestion territoriale, la production agricole hors forêt, le foncier clarification foncière, annexe environnementale à Dinan’i Menabe, application de la loi, etc.

A propos de l’USAID Mikajy

 

Le Projet USAID Mikajy est l’un des projets de mise en œuvre du « Conservation and Communities Project » de l’USAID dans les deux paysages MaMaBaie et Menabe pour la conservation des écosystèmes terrestres et marins pour une durée de 05 ans (2018-2023). Le Programme Mikajy renforce le partenariat avec le gouvernement, la société civile, les communautés et les secteurs privés pour améliorer les moyens de subsistances et de promouvoir la conservation à partir du développement.

USAID Mikajy Activity met en œuvre ses activités à travers les axes stratégiques ci-après :

  1. Améliorer la gestion des aires protégés et des ressources naturelles (Nature)
  2. Soutenir les entreprises issues de la communauté et respectueux de la conservation ainsi que les moyens de subsistance (Richesse)
  3. Créer des synergies avec les autres programmes de développement (Résilience)
  4. Rendre opérationnelle la gestion décentralisée des ressources naturelles dans des paysages terrestres et marins spécifiques (Action)
  5. Renforcer les capacités des communautés, des organisations de la société civile, du secteur privé et du gouvernement issues des paysages spécifiques à réaliser des activités de plaidoyer et à s’engager pour une meilleure gestion communautaire des terres et des ressources naturelles.

 

En savoir plus : www.usaid.gov

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A propos de la FAPBM

Créée en 2005, la FAPBM est un Fonds fiduciaire privé malagasy dédié à la conservation de la biodiversité de Madagascar. Sa mission est de contribuer au financement pérenne du Système des aires protégées de Madagascar (SAPM), de contribuer à la conservation de la biodiversité, au maintien des services écosystémiques, au bien-être de la population, à la lutte contre le changement climatique et de promouvoir la bonne gestion au sein du SAPM. Chaque investissement dans le capital de la Fondation génère des revenus annuels perpétuels, dédiés en priorité à la conservation et aux activités de développement communautaire dans les aires protégées. La Fondation est reconnue internationalement pour son expertise en matière de financements des aires protégées, sa transparence, sa bonne gouvernance des fonds ainsi que la pertinence de ses interventions et ses impacts pérennes.

 

En savoir plus : www.fapbm.org

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