La sortie du rapport 2021 de l’impact investing de la FAPBM est l’occasion d’un entretien avec l’un de nos experts : le président du comité d’investissement, M. James Ranaivoson. Membre du conseil d’Administration depuis 2019, M. Ranaivoson est un ancien conseiller pour le département “Participations en Capital Investissement, Nouveaux Produits & Transactions Spéciales” de la Banque Européenne d’Investissement (BEI). Il exerce présentement comme Conseiller financier à Luxembourg en tant que fondateur et associé-gérant de WINDOF CAPITAL. Il est également membre du conseil d’administration de Graines de vie Luxembourg, une ONG active dans des programmes de reforestation à Madagascar.
Q : Pouvez-vous nous expliquer l’impact investing ?
R : En 2022, la FAPBM a pu financer environ 30 % des coûts totaux de 48 aires protégées à Madagascar, s’étendant sur plus de 3,6 millions d’hectares de forêts et de zones côtières malgaches au bénéfice de 3,5 millions de personnes. Ces financements proviennent essentiellement des revenus du capital de la FAPBM.
Certains donateurs préfèrent en effet contribuer au capital de la FAPBM afin que leurs donations génèrent durablement des revenus, au lieu de financer directement and ponctuellement un projet de conservation dans les aires protégées.
Les revenus du capital sont utilisés par la FAPBM pour financer de manière durable les coûts récurrents essentiels à la gestion des aires protégées. 20 % du capital de la FAPBM est exclusivement utilisé pour l’impact investing, c’est-à-dire dans des projets qui gère une non seulement un certain niveau de mais, tout aussi important, ayant un impact social ou environnemental direct.
Q : Pourquoi soutenir l’impact investing ?
R : Si les subventions de la FAPBM soutiennent les gestionnaires des aires protégées dans leur travail de maintien des services écosystémiques, la FAPBM souhaite tout autant que ses investissements soutiennent des impacts positifs. En illustration, notre capital est investi dans des projets qui contribuent à l’accès aux financements à des initiatives entrepreneuriales en faveur de la santé, de l’environnement et de l’éducation, avec une priorité particulière pour les pays d’Asie et d’Afrique. Parallèlement, la FAPBM garde en tête ses objectifs de rentabilité et limite l’exposition à des risques élevés afin que ses engagements envers les aires protégées puissent être maintenues.
Par exemple, les investissements ont permis de soutenir 78 entreprises engagées dans la santé, les énergies renouvelables, l’éducation ou encore l’agriculture durable et a généré en moyenne 6,84 % de rendement, en 2021.
Q : Un exemple d’impact investing ?
R : Une partie du capital a été investie auprès d’AFRICA BIOSYSTEMS LIMITED (ABL), un distributeur d’équipements et de consommables pour les soins de santé et le diagnostic clinique, basé au Kenya. Les plateformes de tests moléculaires ainsi que des centres de dépistage et de diagnostic en Afrique de l’Est aident les médecins à recommander des plans de traitement appropriés.
Pendant la pandémie de COVID-19, ABL a joué un rôle conséquent pour faciliter de dépistage à travers la distribution, l’installation et la formation des techniciens de laboratoire in the région. Les activités d’ABL ont eu un impact positif indéniable en réduisant les impacts du virus.
Le financement additionnel de la FAPBM soutiendra des activités nécessaires pour la croissance d’ABL notamment, le lancement du laboratoire de démonstration, qui servira aussi de centre de formation pour les praticiens et les étudiants de la région. ABL prévoit également de mettre en place un entrepôt pour stocker les matériels et les consommables à rotation rapide et réduire les délais de livraison.
Q : A quand l’impact investing à Madagascar ?
R : Madagascar dispose de plusieurs exemples de réussite en termes d’impact investing. Cependant, le contexte malgache de l’investissement d’impact reste complexe et le haut niveau de redevabilité de la FAPBM exige une extrême prudence et une connaissance plus approfondie. Le comité d’investissement et la direction exécutive ont entamé des discussions sur les conditions nécessaires pour appliquer l’investissement d’impact responsable dans le pays